Avec ses produits en vrac ou encore ses conseils de nutrition, Flavie Morin espère faciliter le quotidien des clients de sa boutique zéro déchet, qui a pignon sur rue depuis cinq ans à Québec.

« Les récoltes, c’est toujours un moment de l’année où c’est l’abondance », résume la propriétaire des lieux à propos du nom de ses deux points de vente à Québec. Après avoir fait une croix sur l’idée de travailler à l’international, préférant rester vivre au Québec à la suite de ses études, Flavie Morin s’est cherchée un emploi, sans succès. Puis elle découvre par hasard un commerce zéro déchet à l’autre bout de la planète, via une publication sur les réseaux sociaux ; la femme d’affaires a alors une véritable prise de conscience. « Tout est arrivé en même temps. Pour moi, ça a vraiment été une lumière qui s’est allumée. Je me suis dit : “Hein, ça existe?” », se souvient-elle. 

Un an après que Flavie a commencé à ébaucher son projet, elle trouve un emplacement idéal et disponible sur la 3e avenue à Québec ; la propriétaire avait déjà dans sa mire le quartier Limoilou, où abondent les familles et les gens désireux d’en faire plus pour aider la planète. Forte de son succès, elle ouvre une deuxième boutique dans Montcalm deux ans plus tard.

Vrac, mais pas que

Farines, noix séchées, riz, légumineuses, épices… Flavie offre à ses clients un éventail d’aliments secs, mais aussi des produits frais comme le tofu, la mayonnaise et la moutarde. L’engouement du vrac ne se limite pas à la cuisine, la boutique vendant aussi des shampoings, savons pour le corps et autres produits corporels et ménagers. « On a vraiment tout ce dont les gens ont besoin pour la maison », résume Flavie. Sa boutique sur la rue Cartier comporte également une section où sont disponibles des matières premières pour la fabrication de cosmétiques, chandelles et autres produits à faire soi-même de manière artisanale.

Pour certains aliments, comme le lait, la jeune femme a préféré opter pour une formule différente, mais tout aussi écologique. La Récolte s’est alliée avec l’entreprise québécoise La Pinte et a opté pour un système de pots consignés. « On trouvait que c’était la meilleure manière d’offrir du lait de manière écologique sans compromettre la qualité du produit et la conservation », explique Flavie. Quelques produits québécois pour lesquels elle a eu des coups de cœur figurent également sur les tablettes de La Récolte, comme l’huile d’olive au basilic de la Maison Orphée, vendue en bouteille.

« Il y a parfois des petits coups de cœur qui ne sont pas parfaitement en ligne avec notre mission, mais qu’on a envie d’encourager »

Mais vrac ou non, Flavie et son équipe d’une vingtaine d’employés se sont donnés comme mot d’ordre de privilégier les produits alignés avec leurs valeurs. Emballage, ingrédients, provenance et qualité font partie des critères avec lesquels La Récolte sélectionne ce qui ira sur ses tablettes. « Il y a parfois des petits coups de cœur qui ne sont pas parfaitement en ligne avec notre mission, mais qu’on a envie d’encourager », dit-elle, précisant qu’il s’agit pour la plupart de produits locaux. 

Son principal défi : le manque de producteurs indépendants pour certains produits. Elle doit alors s’approvisionner auprès de grossistes. D’autres fournisseurs font au contraire preuve de créativité pour livrer leur marchandise, dans une optique zéro déchet du début à la fin. « Nos graines de lin, qui proviennent de Charlevoix, nous sont livrées dans des chaudières qu’ils reprennent », illustre Flavie, qui souligne l’avantage d’une « connexion plus concrète » avec les petits producteurs.

Et pour ceux qui craignent que les emplettes en vrac soient compliquées, Flavie propose plusieurs alternatives pour faciliter l’adoption du mode de vie zéro déchet. Elle suggère des sacs de coton, de chanvre ou de tissus destinés au remplissage à la place de pots en verre, lourds et fragiles au transport. Flavie confie que ses clients lui en apprennent également sur l’art du zéro déchet.

Une entreprise aux multiples vocations

Avant la pandémie, l’épicerie offrait également une gamme d’ateliers sur la fabrication de savons et de produits ménagers écologiques. Si ces derniers sont suspendus, la boutique continue néanmoins d’offrir des consultations en nutrition avec Julia Morin, nutritionniste et membre de l’Ordre professionnel des diététistes du Québec. Pour Flavie, il s’agissait de la continuité de sa mission d’aider les gens à améliorer leur qualité de vie en faisant par exemple découvrir des aliments moins utilisés des Québécois, comme le sarrasin. « Le but est d’être aussi un agent de changement, d’accompagnement à travers cette transition vers le zéro déchet », explique-t-elle.

Si la mise sur pause du Québec durant plusieurs semaines a fait baisser l’achalandage à La Récolte, elle aura aussi donné le temps à plusieurs de s’intéresser au zéro déchet, selon Flavie. « Il y en a justement qui ont peut-être eu plus de temps pour eux, pour réfléchir à leur mode de consommation et essayer de faire un petit changement à ce moment-là », croit-elle. Elle a également remarqué que pour plusieurs clients, la « petite sortie » durant le confinement consistait à venir faire leurs emplettes au magasin. « L’énergie est bonne, le staff est souriant, enjoué. Ça met de la lumière et du soleil dans la journée », dit-elle.

La Récolte a en outre mis sur pied un service de magasinage en ligne et offert la livraison à domicile, un projet sur lequel Flavie et son équipe travaillaient depuis un an. Selon la jeune femme, son approche chaleureuse, la bonne ambiance entre employés et la fidélité de sa clientèle aident l’entreprise à traverser cette période plus incertaine : « Dans des temps plus difficiles comme en ce moment, on arrive à se serrer les coudes et tout le monde participe à la réussite ».

La startup Milo agit comme un vecteur de découverte selon Flavie : « L’idée de Milo, c’est vraiment d’encourager les entreprises locales en offrant un rabais à un nouveau client, donc quelqu’un qui a envie de venir essayer mais qui peut parfois hésiter. Avoir un rabais lui donne ce petit coup de pouce pour venir faire un tour, un premier achat. Il faut essayer pour être convaincu. Et c’est après l’avoir essayé que les gens trouvent que ce n’est pas si compliqué et qu’ils reviennent nous voir. »

La Récolte

885, 3e avenue – Québec (secteur Limoilou)

980, avenue Cartier – Québec (secteur Montcalm)

Site web / partenaire Milo